La traçabilité est un concept relativement nouveau qui s’applique au contrôle et à la gestion de la chaîne d’approvisionnement. Ces dernières décennies, la demande d’une traçabilité plus rigoureuse s’est considérablement accrue. Quelles sont les raisons derrière cette évolution ? Et quelles en sont les répercussions ?

De l’identification des numéros de lot à une information par article

Pendant des décennies, le traçage des numéros de lot s’est avéré satisfaisant, mais c’était sans compter la survenue de deux événements majeurs. D’une part, les crises alimentaires dues à la « maladie de la vache folle », à la grippe aviaire et aux problèmes liés au porc et aux légumes ont entraîné la demande d’identification et d’information par article, y compris la date, l’origine et le fabricant, ainsi que les numéros de lot. D’autre part, les attaques terroristes du 11 septembre 2001 ont révélé les limites des systèmes de contrôle classiques. Une augmentation de la paperasserie administrative et des contrôles frontaliers ne permet pas de faire face à la mondialisation, sans une traçabilité de bout en bout de la production ou de l’expédition, et sans une responsabilisation des parties prenantes. Néanmoins, le coût d’une traçabilité complète, les retards accumulés dans l’harmonisation technologique et législative, ainsi que le manque d’investissement de la part des acteurs de la chaîne d’approvisionnement, sont venus entraver sérieusement la mise en œuvre rapide de nouvelles normes de traçabilité.

Une période d’harmonisation

À l’heure actuelle, des organisations comme la FDA (Food and Drug Administration) ou l’Union européenne  et des entités privées ont instauré de nouvelles normes et réglementations internationales. La tendance est au traitement unitaire, c’est-à-dire une identification individuelle via un numéro de série unique (c’est ce qu’on appelle la « sérialisation »). Chaque produit a sa propre identité, ce qui permet de retracer ses origines, le chemin qu’il a suivi et les événements survenus sur sa route vers le consommateur. Alors que les numéros de lot permettent de relier un groupe de produits aux matières premières, ressources et processus utilisés pendant la fabrication, la sérialisation introduit une dimension dynamique dans l’identification des produits. La valeur ajoutée est triple : l’authenticité d’un produit peut être contrôlée ; il est possible de retracer les événements critiques survenus dans son cycle de vie ; et le système de pré-alerte pour des paramètres de produit précis optimise la sécurité (en simplifiant les rappels et en bloquant la distribution).

Chaque produit a sa propre identité, ce qui permet de retracer ses origines, le chemin qu’il a suivi et les événements survenus.

Nouvelle génération d’identifiants

Les codes à barres 1D ne permettent de stocker qu’une quantité restreinte d’informations et sont incapables de faire la distinction entre des produits similaires fabriqués à différents moments. Quant au succès de la RFID (identification par radiofréquence), il est limité en raison du coût unitaire élevé des balises et des problèmes techniques liés à la force du signal et à la distance émetteur-récepteur. Les codes à barres 2D (PDF417, Datamatrix, QR) ouvrent de nouvelles perspectives, étant donné qu’ils contiennent des informations optimisées, et peuvent être aisément dupliqués et lus lorsqu’il manque des parties.

Les plus fervents défenseurs de la traçabilité

L’industrie pharmaceutique a été la première à adopter les codes 2D. D’autres secteurs rencontrant les mêmes difficultés en termes de sécurité, contrefaçon et marchés parallèles lui ont ensuite emboîté le pas, comme le marché des cosmétiques, le secteur des produits de luxe ou encore les industries alimentaires. GS1, l’organisation chargée de standardiser les codes à barres, a suivi cette tendance avec son nouveau code DataBar, qui peut contenir un plus grand volume de données.

Alors que la mondialisation, la production de masse et la délocalisation accroissent la complexité de la chaîne d’approvisionnement, les risques sanitaires pour les consommateurs augmentent avec l’utilisation d’ingrédients transformés. En faisant baisser le coût du codage unitaire et en augmentant les sanctions, les régulateurs demandent aux fabricants et aux expéditeurs de se conformer dans l’intérêt des consommateurs. La traçabilité est non négociable maintenant que les consommateurs finaux l’exigent.