Interview de Marc VUKOVIC, Business Development Manager - Processus de Transport - chez Zetes.
Réalisée le 21/05/2019 par Frédéric LEGRAS, Directeur du Portail FAQ Logistique dans le cadre du dossier thématique « Transport : Nouveaux outils, nouveaux modèles »

Marc Vukovic
 

Quelle place occupe le transport dans la chaine de valeur des entreprises ?

Les entreprises ont pris conscience que la supply chain dans son ensemble doit désormais être considérée comme un facteur de compétitivité et de différenciation. Cette prise de conscience est bien entendu liée à l'avènement du e-commerce. Des acteurs comme Amazon qui ont placé l'expérience client au cœur de leur stratégie ont clairement fixé la barre à un très haut niveau. L’enjeu est désormais de s'approcher des nouveaux standards qui ont ainsi été définis. Ceux-ci portent en particulier sur la gestion du dernier kilomètre.

La livraison finale constitue en effet l’ultime maillon d'un long processus pour des marchandises qui parfois viennent de l'autre côté du monde. Elle peut en quelque sorte être considérée comme une carte de visite et elle représente le lien entre l'entreprise et l'utilisateur. En B2C bien sûr, mais également en B2B. Nous nous sommes en effet tous habitués à un niveau de service élevé que nous attendons naturellement également de nos prestataires.

Quels sont les nouveaux besoins remontés par les entreprises ?

Logistique du dernier kilomètre

Les sociétés sont très demandeuses de visibilité en temps réel. L’objectif est de pouvoir optimiser leurs coûts, leurs approvisionnements, leurs stocks et de proposer une meilleure expérience client.

Ce besoin est particulièrement fort dans un contexte de globalité de marché et de mondialisation dans lequel les sourcings sont souvent éloignés avec des risques accrus sur la supply-chain compte tenu des tensions commerciales actuelles. D’autre part les consommateurs comme les entreprises réclament de plus en plus de transparence tout au long de la supply-chain car celle-ci est un vecteur de confiance.

 

Comment les entreprises de transport peuvent-elles répondre à ces nouvelles exigences ?

Pour fournir un meilleur service, l’évolution des process et l’utilisation des nouvelles technologies sont requises.

Les investissements en termes de digitalisation des process transports doivent permettre d’être plus efficaces et de fournir une meilleure qualité de service à un moindre coût.

Où en est la digitalisation du secteur ?

Il y a encore quelques années, la digitalisation n'avait pas réellement atteint le transport mais les choses sont en train de s’accélérer.

Dans un secteur aussi atomisé que le nôtre, les plateformes qui permettent de rapprocher l’offre de la demande tout en digitalisant les processus sont particulièrement pertinentes. Les opportunités ont d’ailleurs été détectées par les géants de la technologie.

Les Freight Techs, des plateformes digitales de transport ont ainsi émergé avec des investissements multipliés par 25 en 5 ans, leur valeur doublant chaque année.

Ces plateformes (Amazon Freight, Uber Freight, etc.) ont pour vocation de capter la valeur soit par la désintermédiation soit en se substituant aux intermédiaires existants (commissionnaires de transport ou affréteurs) en offrant aux entreprises certains services pour gérer leur logistique.

Sur le premier trimestre 2019, 4 des 5 plus importantes levées de fonds ont ainsi concerné des entreprises qui ont un lien avec le transport, soit de marchandises, soit de personnes.

En particulier, la plus grosse levée de fonds de ce début d'année concerne le digital freight fowarder Flexport. Ce sont ainsi 1 milliard de dollars qui ont été levés auprès de Softbank, société de technologie très présente dans la robotique et l'intelligence artificielle.

Amazon est également passé à l'offensive. L’entreprise vient de lancer aux États-Unis une plateforme sur laquelle il est possible d’affréter des camions complets à des coûts largement inférieurs au prix du marché. Avec les volumes drainés et sa puissance d'achats, l’entreprise a décidé de procéder à une intégration verticale, c'est-à-dire d'avoir une supply chain globale complètement intégrée. Il s’agit finalement d’entrer en concurrence avec des prestataires comme Fedex ou UPS.

Ces nouvelles plateformes représentent pour les entreprises de transport à la fois une opportunité (développement commercial, paiements garantis, etc.) et une menace.

Sur ce dernier point, je pense en particulier au risque de dépendance vis-à-vis de ce type de modèle sachant que celles-ci sont aujourd’hui sur une logique de captation de marché et proposent une offre alléchante pour attirer un maximum de transporteurs et de clients. Une fois que cela sera fait et que l'écrémage aura eu lieu, elles pourront plus facilement fixer les conditions qui leur conviennent. Les transporteurs doivent donc veiller à protéger leur marché et à utiliser les plateformes uniquement comme source de revenus complémentaires.

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Les entreprises de transport et logistique n’ont donc pas d’autres choix que de digitaliser leurs process pour gagner en efficacité opérationnelle afin de délivrer la qualité de service irréprochable exigée par leurs clients. De plus en plus les décisionnaires chez les chargeurs sont digital natives et attendent que les prestataires soient dotés des solutions technologiques répondant à la totalité de leurs besoins. Ils n’acceptent plus de devoir patienter plusieurs jours pour obtenir une information.

Si l’on ajoute à cela la généralisation des systèmes de notation des livraisons, ll devient évident que les entreprises se doivent de mettre l’expérience client au cœur de leur stratégie.

Comment expliquer le retard en termes de digitalisation accusé par le secteur ?

L’industrie du transport reste assez conservatrice : le poids des entreprises familiales est important et le secteur tend à valoriser l’expérience dans le choix de ses cadres dirigeants, positionnant l’innovation au second plan. Ce qui explique en partie, que l’usage des nouvelles technologies n’est donc pas encore généralisé.

D’ailleurs, je le constate dans les différents entretiens que je mène chez des prospects chargeurs : une grande partie de leurs transporteurs n’est pas encore équipée pour pouvoir fournir de la traçabilité. Certains utilisent des systèmes de géolocalisation pour gérer leur flotte, savoir où se trouve leur personnel, remonter les informations qui leur permettent de calculer les payes, etc., mais ne sont pas en mesure de fournir l'état des commandes des clients ni la preuve de livraison en temps réel.

Quels sont les nouveaux modes de livraison émergents ?

Les nouvelles générations sont de plus en plus sensibles aux enjeux écologiques.  La pression s'accroit sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cela se traduit par un certain nombre de contraintes réglementaires puisque l'Europe impose des Directives avec des objectifs ambitieux. De leur côté, les constructeurs essaient de proposer des véhicules moins polluants.

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Des solutions existent en particulier en milieu urbain : les véhicules électriques, les vélos cargo, etc. Cela concerne notamment les capitales européennes voisines dans lesquelles l'usage du vélo et les infrastructures sont plus développés. Des centres logistiques urbains voient également le jour pour favoriser les approvisionnements de nuit et l’utilisation de véhicules non polluants pour les livraisons du dernier km. Cela permet de réduire la congestion et la pollution autour des villes mais également de réduire les distances et d’être toujours plus réactifs. C’est d'autant plus stratégique que le prochain champ de bataille dans le e-commerce devrait porter sur la livraison des produits frais et des produits de santé. Pour pouvoir y parvenir, il convient de se situer au plus près du consommateur au cœur des zones à forte densité de population.

 

Dans les régions moins peuplées, les problématiques sont bien sûr différentes. La livraison par drone volant lancé depuis une camionnette devrait permettre de réduire drastiquement les coûts de livraison de ces zones. En ville l’usage des drones roulants ou véhicules autonomes électriques pour la livraison du dernier km devrait également se développer car ils permettront une réduction importante des coûts et une plus grande flexibilité dès que la réglementation le permettra. Les géants de la Tech tels que Amazon, Uber, Softbank ainsi que les leaders de l’e-commerce chinois Alibaba et JD.com investissent massivement dans ce secteur et les premiers tests sont déjà en cours. Par ailleurs la plupart des constructeurs automobiles ont dans leurs cartons des projets de véhicules de livraison autonomes.

Ensuite, les clients souhaitent disposer du choix et ne pas avoir à caler des rendez-vous avec les transporteurs les obligeant à attendre le livreur à leur domicile. Cela a d’ailleurs contribué au développement des points relais en France. Bientôt les consommateurs auront la possibilité de se faire livrer dans le coffre de leur véhicule.

Une autre solution réside dans l’utilisation des consignes qui combinent plusieurs avantages qui devraient favoriser leur expansion : non seulement les clients n’ont pas besoin d’être chez eux pour réceptionner la commande, mais les prestataires peuvent massifier la distribution dans la mesure où les commandes de plusieurs clients peuvent être livrées au même endroit. Ces consignes peuvent en outre être livrées la nuit réduisant ainsi les coûts, les délais et la pollution.

Enfin, la livraison participative se développe également. Elle répond à la fois à une problématique de manque de capacité transport ainsi que de réduction des coûts. Tout un chacun, peut désormais obtenir une rémunération en utilisant sa voiture pour livrer des colis au départ d’une plateforme logistique.

Comment se positionne Zetes sur ces différents sujets ?

Notre société fournit depuis plus de 30 ans des solutions de traçabilité à l'ensemble de la chaine logistique : en sortie de ligne de production, dans les entrepôts, sur les points de vente et durant le transport et à ce titre dispose d’une expertise sans égal qui lui confère un positionnement unique sur le marché Européen. Par ailleurs, Zetes a été racheté en 2017 par le géant Panasonic, et cette alliance lui offre l’opportunité de porter ses solutions partout dans le monde, soutenue par un groupe aux capacités avancées en matière de recherche & développement et reconnu comme acteur à la pointe de la technologie.

Pour répondre au besoin de visibilité globale en temps réel des entreprises, notre solution ZetesOlympus permet de connecter les différents systèmes d’information des différents partenaires de la supply chain et de bâtir ainsi un écosystème interactif que nous appelons « la supply-chain collaborative connectée en temps réel ». Cette solution est parfaitement adaptée pour amener de la visibilité dans le cas d’environnements informatiques complexes non intégrés, ou bien d’environnements de supply chain complexes multisites avec de nombreux partenaires répartis dans plusieurs pays, ou encore pour amener de la traçabilité dans le cas d’environnements réglementaires contraignants et/ou avec des risques de contrefaçon (médicaments, tabac, chaine alimentaire, luxe etc.).

Appliquée à la gestion du dernier km, ZetesOlympus permet au chargeur de raccorder les systèmes d’information des différents transporteurs avec lesquels il travaille pour avoir une vision synthétique, en temps réel, de la performance de l’ensemble des prestataires. Il est ainsi en mesure de proagir avec son écosystème pour améliorer la qualité de service et la performance globale de sa supply-chain.

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Que proposez-vous plus particulièrement aux transporteurs ?

ZetesChronos est une solution complète de traçabilité (véhicules, personnel, marchandises, actifs consignés et événements) qui permet de digitaliser l’ensemble des processus de livraison et d’enlèvement.

ZetesChronos permet de guider les chauffeurs à travers les différentes étapes du processus de livraison depuis le chargement de leur véhicule jusqu’à la fin de leur tournée pour une plus grande efficacité opérationnelle. Cette assistance est notamment très importante pour les chauffeurs qui arrivent pour la première fois sur une nouvelle tournée - ils peuvent être rapidement opérationnels. L’application peut être installée sur un PDA ou fonctionne également sur un Smartphone en particulier dans le cas où l’entreprise fait appel à des prestataires extérieurs ponctuels.

Quand le chauffeur est sur la route, l'exécution de la tournée est optimisée, la solution permet d’adapter le trajet en fonction des événements de circulation et d’informer le destinataire final en temps réel de l’heure d’arrivée de sa livraison, de s'assurer que les bons colis sont livrés aux bons destinataires, de recueillir la preuve de livraison, le paiement si besoin, de prendre des photos en cas de litige, de gérer les enlèvements même imprévus chez les clients etc.

Le chauffeur sait donc exactement ce qu'il doit faire, quand, et comment il doit le faire.

La solution s'adresse aux sociétés qui opèrent une flotte de livraison en direct, c’est à dire soit des transporteurs publics ou pour compte propre, soit à des entreprises qui ont recours à la sous-traitance mais qui veulent maîtriser la qualité de service de leurs sous-traitants et offrir une traçabilité en temps réel à leur client final. C’est particulièrement le cas des opérateurs e-commerce pour lesquels une livraison ratée est synonyme de coûts supplémentaires importants mais également d’une mauvaise expérience client qui vient dégrader l’image de la marque.

Dans un secteur qui subit un important turnover et de forts pics d’activité, ZetesChronos amène de la flexibilité au transporteur tout en garantissant une qualité de service optimale à son client. ZetesChronos permet également de réduire les coûts liés à la non-qualité ainsi que les coûts administratifs grâce à la digitalisation des processus de livraison et ses fonctionnalités de reporting. En s’appuyant sur ZetesChronos pour une exécution parfaite de la livraison dès la première tentative, l’entreprise contribue enfin à réduire la pollution et la congestion en milieu urbain puisque les livraisons répétées représentent 25% de la distance totale parcourue par les véhicules de livraison de colis.

Téléchargez notre étude sur la logistique du dernier kilomètre